01 mars 2016

Un vrai faussaire de Jean-Luc LÉON

L’histoire de l’art est constellée d’artistes demeurés dans l’ombre pour avoir réussi à copier et à imiter à la perfection les plus grands maîtres. Parmi ces obscurs et ses sans-grade, Guy Ribes s’impose comme un véritable prodige, tant il a réussi à berner les experts, les spécialistes, et mêmes les institutions et les musées. En donnant la parole à ce personnage pittoresque qui n’aurait pas déparé le casting d’une comédie dialoguée par Michel Audiard dans les années 60, Jean-Luc Léon adresse un véritable pied-de-nez à ses détracteurs qui ont bien souvent été également ses victimes. Non seulement, l’escroc est disert, mais il est particulièrement généreux de sa personne et exécute devant la caméra non pas de simples copies, mais des œuvres à la manière d’artistes dont il a adopté le style mais aussi la démarche. À travers ses propos et sa méthode, affleure une évidence troublante : ce n’est pas la technique qui fait la valeur du faussaire mais sa capacité à s’identifier à celui qu’il imite pour reproduire sa démarche mentale avant de s’approprier son savoir-faire. À observer Ribes peindre face à la caméra et apposer ensuite la signature d’un autre, ô combien plus illustre, en reproduisant là encore son processus mental, et à l’écouter dire qu’il détruira ensuite les toiles, on se prend à sourire. La morale n’a pas grand-chose à voir dans cette affaire. Ce qui est fascinant dans Un vrai faussaire, c’est la façon dont un homme peut s’approprier à lui seul autant de personnalités.

Jean-Philippe GUERAND

Film documentaire français de Jean-Luc LÉON (2015), avec Guy RIBES. 1h 28.


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