15 novembre 2016

Tour de France de Rachid DJAÏDANI

Champion de boxe anglaise, comédien, auteur de trois romans et d’un premier long métrage en 2012, déjà présent à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes, Rengaine, Rachid Djaïdani réunit dans ce deuxième film celui qu’il appelle dans une belle formule le Mohamed Ali du cinéma français, Gérard Depardieu, et le jeune rappeur Sadek. Premier film pour celui-ci, deux-cent-vingtième ou à peu près pour celui-là. C’est sans doute un hasard, mais la trame rappelle Saint-Amour, sorti cette année. À nouveau, Depardieu parcourt l’Hexagone avec un fils (ici de substitution). Ils n’ont rien à se dire, a priori. La découverte d’un territoire réunit leurs solitudes, apaise leurs anxiétés et ouvre un dialogue inespéré. Là où Kervern et Délépine déchaînaient leur génie de la comédie, Rachid Djaïdani s’en tient à une mélancolie qui ne croit plus qu’aux rapports individuels. Le vieux prolo réac qui a appris la peinture en prison court la France pour rejoindre à travers les siècles le point de vue du peintre de marines Joseph Vernet (1714-1789). Le jeune rappeur en péril qui l’accompagne vit avec lui son Bildungsroman. Les moments de grâce sont nombreux, surtout quand les deux personnages confrontent leurs approches inhabituelles des puissances de l’Art. Le regard de Djaïdani sur le paysage français est d’une grande sensibilité. Ce qui touche la société française, les errements du racisme, les tensions entre générations est moins inattendu et ralentit un peu un film justement ambitieux.

René MARX

Film français de Rachid DJAÏDANI (2016), avec Gérard DEPARDIEU, Sadek, Louise GRINBERG, Nicolas MARÉTHEU. 1h 35


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