Na Hong-jin s’est fait connaître sur la scène internationale dès son premier film, The Chaser, en 2008. Avec ce troisième film, présenté hors compétition au dernier Festival de Cannes, il confirme son statut et s’affirme comme l’un des réalisateurs les plus importants du cinéma coréen contemporain. Il part d’un scénario de thriller classique. Dans un petit village rural isolé, une série de morts violentes inexpliquées traumatise la région, d’autant que la police locale se révèle incompétente. Mais progressivement, l’hypothèse de causes surnaturelles fait son chemin, d’autant qu’un mystérieux individu, japonais, s’est installé en solitaire dans la région, qu’une fillette semble possédée, et qu’une belle jeune femme semble apparaître sans raison. D’autres policiers, ainsi qu’un chaman, sont appelés en renforts, mais le mystère ne fait que s’épaissir. Au fil de ce scénario retors, Na fait exploser les conventions du thriller classique (le « Korean noir ») pour livrer une fresque somptueuse de plus de deux heures et demie, au cours de laquelle les certitudes volent en éclat les unes après les autres. Des séquences déjà anthologiques (comme les rituels de chamans) alternent avec des passages dignes des meilleurs thrillers ou des grands films d’épouvante, sans que jamais le film ne se repose dans le confort d’un genre défini ou d’explications rassurantes. Une expérience cinématographique hors du commun, radicale et somptueuse.
Laurent AKNIN
Goksung / The Wailing. Film coréen de Na HONG-JIN (2016) avec Kwak DO-Won, Hwang JUNG-Min, Jun KUNIMURA, Chun WOO-HEE. 2h 36.