Taj Mahal n’est pas un conte oriental, mais bien le récit de l’attaque du plus célèbre hôtel de Bombay pendant trois jours de novembre 2008 par un groupe d’islamistes venus du Pakistan. Mais le film de Nicolas Saada (son second, après le remarquable Espions) se remarque d’abord par ce qu’il n’est pas. Taj Mahal n’est pas un film d’action (les terroristes ne sont presque jamais dans le champ). Ni un film politique (les enjeux géopolitiques ne sont jamais abordés). Ni une fresque historique (les plans larges sont rares et nous ne visitons l’Inde que par de très rares intermittences). Ni même un film de terreur (même si nous partageons les émois de l’héroïne). De façon plus modeste et plus ambitieuse à la fois, Saada nous invite en réalité à rester avec l’adolescente (occidentale) enfermée seule dans une chambre pendant l’attaque. Nous tremblons avec elle, nous suffoquons avec elle, nous sommes soulagés avec elle. Et nous assistons en direct au passage accéléré de l’adolescence à l’âge adulte pendant cette épreuve. Tout comme Les Cowboys (sorti il y a peu), tout comme Made in France (dont la sortie a été reportée), Taj Mahal traite par la bande de la folie meurtrière de certains fanatiques, percutant ainsi l’actualité la plus brulante, modifiant sans le vouloir la vision que nous pouvons en avoir. Il n’en reste pas moins un beau film, ambitieux, vibrant, baigné d’une humanité qui nous est plus indispensable que jamais.
Yves Alion
Film français de Nicolas Saada (2015), avec Stacy Martin, Louis-Do de Lencquesaing, Alba Rohrwacher. 1h 31.