06 décembre 2016

Salt and fire de Werner HERZOG

Un archéologue exhumant le DCP de Salt and Fire sans autre indication y reconnaîtrait indéniablement la marque de fabrique indélébile de Werner Herzog, cinéaste des extrêmes qui y témoigne d’au moins deux de ses obsessions les plus récurrentes : une fascination pour les espaces infinis et une curiosité insatiable pour l’anormalité. Sous prétexte de mettre en scène l’enlèvement d’un trio de scientifiques par un magnat à l’origine d’un désastre écologique dans le désert de Bolivie, le cinéaste qui filma des sourds-muets aveugles dans Le Pays du silence et de l’obscurité (1971) et dirigea des interprètes sous hypnose dans Cœur de verre (1976) concentre peu à peu son propos autour du trio singulier qu’en viennent à former une femme égarée et deux gamins en proie à une maladie rare. Le dernier tiers du film s’attache à cette étrange famille recomposée qui personnifie symboliquement un retour aux origines de l’humanité dans le décor immaculé d’Uyuni, une étendue de sel lézardée par le soleil à perte de vue. C’est la raison la plus légitime de découvrir ce film inégal mais attachant qui parle un peu trop souvent pour ne rien dire, mais recèle çà et là de jolis moments de cinéma. Herzog évacue assez rapidement l’intrigue puisée dans un livre de Tom Bissell, qui n’apparaît que comme un prétexte, au profit d’une réflexion contemplative sur les rapports entre l’homme et la nature, thème qui sous-tend une bonne partie de son œuvre foisonnante et notamment bon nombre de ses documentaires.

Jean-Philippe GUERAND

Film allemand de Werner HERZOG (2015), avec Michael SHANNON, Veronica FERRES, Gael GARCIA BERNAL. 1h33.


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