23 février 2016

No Home Movie de Chantal AKERMAN

Pour le dernier film de sa vie (Chantal Akerman s’est suicidée le 5 octobre 2015) la cinéaste a réuni des dizaines d’heures d’images tournées sans projet arrêté et les a peu à peu montées pour peindre la relation (et les barrières) entre elle-même et sa mère Natalia. Celle-ci arriva avec sa famille à Bruxelles en 1938, fuyant la Pologne devenue mortelle. Le film débute par un très long plan fixe d’arbre battu par le vent. Le spectateur est prévenu. S’il n’a pas le temps de regarder ce plan, s’il n’est pas bouleversé dès le début, mieux vaut qu’il rentre chez lui. Ensuite, pendant près de deux heures, Akerman filme sa mère, ses paroles et ses silences. Elle est dans sa maison de Bruxelles ou sur l’écran de l’ordinateur de sa fille qui voyage aux États-Unis. Elle est proche et mystérieuse, comme tous ceux qu’on aime. Et d’autres longs plans, de déserts en Amérique ou en Israël, alternent avec ces moments d’intimité, de conversations très tendres et d’interrogations souvent sans réponse autre qu’un amour passionné. Rien n’est dit sur Auschwitz, où la mère de la cinéaste vit mourir ses propres parents. Ce film, dont même le titre est un chef-d’œuvre, s’achève, c’est le destin, avec la disparition de Natalia. Et après le film, l’artiste s’efface à son tour. No Home Movie est inoubliable.

 

René Marx

Film franco-belge de Chantal Akerman (2015), avec Chantal et Natalia Akerman. 1h 55.


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