23 février 2016

Nahid d’Ida PANAHANDEH

Le cinéma iranien est décidemment une énigme. Car autant la lecture des journaux nous incite à penser que le régime islamique de Téhéran n’est pas vraiment garant des libertés essentielles (c’est un euphémisme), autant les films qui nous viennent d’Iran offrent à voir un tableau plus subtil, plus complexe de la société. Certes les cinéastes les plus prestigieux sont en vacance (Kiarostami), en exil (Makhmalbaf) ou interdits d’exercice (Pahani), mais force est de constater que de nouveaux talents peuvent éclore, dont beaucoup (paradoxe supplémentaire) sont des femmes. Le premier opus d’Ida Panahandeh a été présenté l’an dernier à Cannes (Un Certain Regard), où il a fait forte impression. En nous attachant aux pas d’un couple divorcé, la réalisatrice montre toutes les contradictions d’une société figée dans ses principes. Une femme doit en effet choisir selon la loi entre la garde de son fils (que son ex-mari, qui semble ne jamais sortir de l’adolescence, lui a volontiers laissé) et la possibilité de se remarier à l’homme qu’elle aime. La force du film est de ne pas trancher entre les personnages, chacun d’entre eux ayant ses raisons et son humanité, un peu comme l’avait fait Asghar Farhadi dans son superbe Une séparation. Ajoutons à cela que Nahid est extrêmement bien écrit, que la mise en scène est d’un grande fluidité (avec de belles ellipses), que les comédiens sont frémissants et jamais taillés d’un bloc, et l’on pourra conclure que pour être un coup d’essai, le film est aussi un coup de maître(sse).

Yves Alion

Film iranien d’Ida Panahandeh (2014), avec Sareh Bayat, Pejman Bazeghi, Navid Mohammadzadeh. 1h 44.


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