Ames sensibles s’abstenir. Non pas tant parce que le sujet est particulièrement douloureux, puisque nous assistons à l’agonie d’une belle et jeune femme, que le cancer emporte. Mais bien parce que le film joue la carte du mélo tire-larmes sans aucune retenue. Cela étant énoncé, au spectateur de savoir s’il accepte les règles du jeu. S’il le fait, Ma Ma sera pour lui une occasion rare d’exaltation tant la flamboyance est ici l’option. Flamboyance du jeu de Penelope Cruz, qui paye de sa personne comme jamais et le film lui rend bien. Flamboyance de la mise en scène, Julio Medem n’ayant jamais renoncé à une certaine appétence baroque, qui faisait déjà le charme de ses films les plus réussis, L’Ecureuil rouge ou Les Amants du cercle polaire, dont les accents ouvertement lelouchiens avaient en son temps exalté les uns et crispé les autres. Reste le fond, cette lutte pour la survie d’une femme au moment où les raisons de vivre et d’espérer sont plus fortes que jamais mais où le destin frappe de façon aveugle. Quelles que soient les fulgurances de la présentation, ce sujet-là reste de ceux qui nous serrent la gorge et interrogent la fragilité de notre condition.
Yves ALION
Film espagnol de Julio MEDEM (2014), avec Penelope CRUZ, Luis TOSAR, Alex BRENDEMÜHL. 1h 51.