15 novembre 2016

Les Têtes de l’emploi d’Alexandre CHARLOT et Franck MAGNIER

La comédie française est trop souvent taxée d’évoluer dans un microcosme hermétique à notre société pour ne pas saluer l’initiative de ces transfuges des Guignols que sont Charlot et Magnier. Leur première réalisation appuie délibérément là où ça fait mal, en s’attachant aux employés zélés d’une agence régionale de Pôle Emploi si prompts à radier leurs allocataires et à les désespérer qu’ils attirent l’attention de leur hiérarchie. En effet, faute de chômeurs, leurs services deviennent inutiles et c’est à leur tour d’aller pointer. À eux désormais de rivaliser d’imagination pour démontrer qu’ils sont indispensables. Les Têtes de l’emploi est une comédie féroce comme le cinéma français en produit trop peu qui cultive un cousinage savoureux avec deux autres écoles illustres : la Grande-Bretagne aussi prompte à engendrer des Ken Loach et des Mike Leigh que The Full Monty et Les Virtuoses, et la grande tradition italienne qu’illustrèrent naguère Mario Monicelli, Dino Risi ou Ettore Scola. Dans un emploi radical, Franck Dubosc se révèle d’une humanité à géométrie variable en fils prodigue d’une tribu d’assistés cyniques et profiteurs, face à un François-Xavier Demaison patelin à souhait et à une Elsa Zylberstein en fausse oie blanche. Il émane de cette chronique au vitriol une jubilation politiquement incorrecte qui dérive jusqu’à l’absurde lorsque nos pieds nickelés recrutent le personnel d’une usine sur le point de s’implanter, en y recasant les pires laissés-pour-compte.

Jean-Philippe GUERAND

Film français d’Alexandre CHARLOT et Franck MAGNIER (2016), avec Franck DUBOSC, François-Xavier DEMAISON, Elsa ZYLBERSTEIN. 1h 30.


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