04 octobre 2016

Le ciel attendra de Marie-Castille MENTION-SCHAAR

Il est des films dont les journaux ne parlent pas seulement dans les pages culture, tant ils savent se placer au cœur de sujets de société. On se souvient comment la sortie de Welcome par exemple avait suscité le débat il y a quelques années, concernant ces immigrés coincés à Calais dans l’attente de se rendre en Angleterre (le débat n’est pas clos). Le ciel attendra est dans le même cas, et certains suggèrent même que le film soit diffusé dans les classes tant il semble d’intérêt public. Son sujet : la tentation de certains jeunes pour l’embrigadement islamiste. Le film de Marie-Castille Mention-Schaar, signataire  il y a deux ans des Héritiers, un film chargé de sens autant que de cœur, est extrêmement pédagogique en effet. Le film s’attache à deux adolescentes tentées de se rendre en Syrie. L’une y parvient, l’autre pas. Mais c’est le même processus qui s’enclenche, celui de l’intoxication de jeunes esprits dans un moment d’extrême fragilité. On assimile souvent le radicalisme islamiste (parlons plutôt de dérapage fanatique) à une secte. A la vision du film, il n’est pas déraisonnable d’évoquer ceux qui sombrent dans les drogues dures. Il y a un peu de Panique à Needle Park dans la souffrance des héroïnes du film. Mais l’aspect pédagogique ne doit pas faire oublier que Le ciel attendra est une œuvre d’art, un beau film, un film sensible, servi par deux jeunes comédiennes superbes. Ce qui n’ôte rien à la prestation de ceux qui incarnent leurs parents, Sandrine Bonnaire et Clotilde Courau en tête. Formellement le film peut décontenancer, et c’est tant mieux, tant il jongle sans cesse avec la temporalité, appuyant sur des sensations plutôt que de vouloir seriner des certitudes, ce qui est évidemment tout à son honneur.

Yves ALION

Film français de Marie-Castille MENTION-SCHAAR (2016), avec Sandrine BONNAIRE, Noémie MERLANT, Clotilde COURAU. 1h 44.


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