02 février 2016

La Terre et l’Ombre de César ACEVEDO

Au chevet de son fils mourant, un vieux paysan découvre un paysage dévasté par des champs de cannes à sucre en feu dont les cendres contaminent peu à peu la population locale. C’est dans cette atmosphère apocalyptique que se déroule le premier film de César Acevedo, Caméra d’or au dernier festival de… Cannes (sans jeu de mots !). Le réalisateur y révèle un sens aigu de la mise en scène qui passe à la fois par une confrontation verbale particulièrement économe en dialogue et une exploitation dramaturgique de son décor, d’autant plus magistrale qu’elle n’a pas bénéficié de grands moyens techniques ni économiques. Au cœur de ce décor de fin du monde, c’est bel et bien la survie de quelques victimes sans défense qui se joue sur un registre dramatique d’une rigueur exemplaire. Il convient de louer la qualité esthétique de ce film et son atmosphère oppressante, autour de l’instinct de survie d’une famille dysfonctionnelle qui se serre les coudes dans un baroud d’honneur contre l’adversité et l’inversion du fameux concept du “retour du fils prodigue”. La Terre et l’Ombre puise dans les souvenirs du cinéaste qui plaide en faveur d’une communauté humaine sacrifiée pour des motifs économiques, la raison du plus fort étant en l’occurrence ici celle d’une mondialisation dévastatrice. Si Acevedo résiste aux sirènes hollywoodiennes et continue à mettre sa puissance visionnaire au service d’aussi nobles causes, il pourrait bien incarner l’un des plus sûrs espoirs du cinéma sud-américain.

Jean-Philippe Guerand

La Tierra y la Sombra. Film colombien de César Acevedo (2015), avec Haimer Leal, Hilda Ruiz, Edison Raigosa. 1h 37.


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