23 février 2016

Je ne suis pas un salaud d’Emmanuel FINKIEL

Le titre du nouveau film d’Emmanuel Finkiel nous indique d’entrée de jeu que nous allons être confrontés l’espace de près de deux heures à des questions morales. Le personnage principal, interprété par un Nicolas Duvauchelle au sommet de son art, est un homme en perte de repères. Son couple est en déshérence, il peine à trouver du travail, il en veut à la terre entière. Jusqu’au jour où il est agressé par un voyou. La police lui présente un suspect, qu’il se presse d’incriminer. Alors qu’il sait pertinemment que celui-ci est innocent. C’est sur ce mensonge qu’il va peu à peu recoller les morceaux de sa vie affective et professionnelle. Jusqu’au jour où la vérité va reprendre le dessus… Toute la gageure du film est de nous faire avoir un peu d’empathie pour ce personnage refermé sur lui-même, cette boule de haine qui sans doute ne s’aime pas non plus. Nous le voyons se noyer peu à peu dans une eau boueuse de son ressentiment en espérant qu’un dernier sursaut pourra retourner la situation… Autant dire que nous sommes constamment en éveil, et que le film est particulièrement douloureux. Mais il faut reconnaître que ce suspense mental, que l’écœurant gâchis des sentiments parfois généreux qui éclosent ici ou là nous attachent au film comme rarement. Il n’y a rien de plus difficile que de défendre un personnage qui n’a pas lui-même envie de l’être. Emmanuel Finkiel a réussi une gageure, son film est magnifique.

Yves Alion

Film français d’Emmanuel Finkiel (2014), avec Nicolas Duvauchelle, Mélanie Thierry, Maryne Cayon. 1h 51


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