C’est peu dire qu’il n’y a guère de sujets aussi sensibles que celui de l’antisémitisme et que les occasions de déraper à son sujet sont infiniment plus nombreuses que celles de trouver le ton juste. Portons au crédit d’Yvan Attal de n’avoir pas reculé alors que le film tendait bien des verges pour le faire battre. Le titre fait clairement allusion aux slogans putrides des années 40 (quand les antisémites français s’en donnaient à cœur joie, apportant de façon zélée leur soutien à l’occupant nazi) et le film ne tourne d’ailleurs pas autour du pot. Car c’est bien de la haine des juifs que l’on parle. Qu’elle soit insidieuse ou frontale. Attal a choisi de réaliser un film à sketchs, avec l’idée de faire rire. Bonne idée, certains chefs d’œuvre de la comédie italienne avaient adopté ce format, qui permet souvent d’être plus incisif. Les épisodes ne sont évidemment pas également réussis, c’est un peu la loi du genre. Il n’est pas interdit de trouver percutant le sketch où Valérie Bonneton (qui campe une Marine Le Pen plus vraie que nature) s’aperçoit avec effroi que son compagnon est juif. Et un rien laborieux celui où l’on se télétransporte dans les temps bibliques pour assister à la crucifixion du Christ, alias Gilles Lellouche. Les différents épisodes sont reliés par des visites d’Yvan Attal à son psy (mais la folie raciste n’est pas seulement affaire de dérangement mental), ce qui permet à la fois de donner du liant à l’ensemble et de signifier l’incontestable désarroi de l’acteur-réalisateur, dont personne ne doute qu’il ne parle à la première personne.
Yves ALION
Film français d’Yvan ATTAL (2015), avec Yvan ATTAL, Benoit POELVOORDE, Valérie BONNETON, Dany BOON, Gilles LELLOUCHE. 1h 51.
https://www.youtube.com/watch?v=vA9qwNFFonk