Ce ne fut certes pas « le choc de Cannes », comme l’annonce un peu trop prétentieusement l’affiche française, mais ce film en provenance de Singapour (présenté à Un Certain Regard) est suffisamment intriguant et perturbant pour qu’on s’y arrête. L’action se déroule pour l’essentiel dans le quartier de haute sécurité d’une prison, dans l’aile des condamnés à mort (par pendaison, pratique très répandue dans le pays…). Un jeune gardien est pris sous son aile par un bourreau vétéran, qui va le « former » à son métier. En dehors des aspects glaçants de la technique d’exécution, le film se révèle assez subtil dans les motivations complexes des deux protagonistes, en particulier celles du jeune apprenti qui laisse progressivement apparaître un esprit quelque peu perturbé. Les scènes de vie quotidienne chez lui sont également bien vues et permettent des respirations en dehors de l’univers carcéral. Il est alors dommage que le réalisateur, également scénariste, abuse quelque peu des effets de coïncidences, et surtout qu’il conclue son film par une fin ouverte que l’on sent arriver de loin. Celle-ci laisse l’impression désagréable d’un auteur qui n’ose pas assumer jusqu’au bout le destin de son personnage, quel qu’il soit.
Laurent AKNIN
Film singapourien de Boo JUNFENG (2016) avec Fir RAHMAN, Wan HANAFI SU. 1h 36.