25 janvier 2016

45 ans d’Andrew HAIGH

Il aura donc fallu que Charlotte Rampling devienne septuagénaire pour se voir enfin citée à l’Oscar de la meilleure actrice, après avoir raflé les prix d’interprétation féminine, de Berlin à Valladolid, en passant par l’European Film Award pour 45 ans. Il faut dire qu’elle s’avère d’une économie exemplaire dans cet emploi subtil qui joue sur sa froideur apparente, face à un acteur encore plus rare, au propre comme au figuré : Tom Courtenay, héros de La Solitude du coureur de fond de Tony Richardson (1962), mais surtout exceptionnel comédien de théâtre vu dans L’Habilleur de Ronald Harwood dont l’adaptation cinématographique lui a valu une nomination à l’Oscar. À la veille de son quarante-cinquième anniversaire de mariage, une femme découvre que son mari a naguère vécu une ardente passion avec une femme disparue accidentellement. Cette tardive révélation déclenche en elle une série de réactions qui vont mettre à l’épreuve ce couple apparemment sans histoires. 45 ans repose sur la confrontation de deux acteurs dirigés sur la corde raide des sentiments par un metteur en scène qui exploite à merveille l’introversion de ses interprètes et filme leurs visages comme de véritables paysages humains. On a l’impression que ces deux-là se connaissent depuis si longtemps qu’ils n’ont plus besoin de mots pour communiquer. La puissance du troisième long métrage d’Andrew Haigh réside toutefois dans cette minuscule fracture intime qui va devenir petit à petit une véritable faille existentielle.

Jean-Philippe Guerand

45 Years. Film anglais d’Andrew Haigh (2015), avec Charlotte Rampling, Tom Courtenay, Geraldine James. 1h 35.


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