Les frères Larrieu inscrivent film après film leur oeuvre au rayon « poil à gratter », et nous ne pouvons que nous en réjouir. Souvent innovant sur la forme, leur cinéma a en outre des accents inattendus qui prennent à l’occasion des reflets sensuels ou même libertins. On se souvient du lâcher prise érotique du vieux couple de Peindre ou faire l’amour, de l’attraction de la randonneuse de Voyage dans les Pyrénées pour un ours, de la frénésie sexuelle du professeur de L’amour est un crime parfait, etc. 21 nuits avec Pattie possède quant à lui des intonations renoiriennes dans la façon dont les Larrieu dépeignent l’immersion de leurs personnages dans une nature qui ne demande qu’à vibrer. Ceux-ci se définissent par leur libido, par leur capacité à accepter les élans de leur nature en plein accord à celle de LA nature. Les deux héroïnes du film sont campées par Karin Viard, que d’aucuns taxeraient de nymphomane (mais le terme est péjoratif, ce qui est idiot), et Isabelle Carré, qui est quant à elle un peu coincée aux entournures. Le temps du film est celui d’un passage de témoin, la première faisant peu à peu aimer la vie à la seconde qui se laissera aller in fine à une ivresse sensuelle trop longtemps réfrénée. Il y a une dimension panthéiste, presque mythologique dans ce film proche des êtres mais si peu réaliste, qui exalte à merveille le bouillonnement de la vie. Par les temps qui courent, on ne pouvait rien souhaiter de mieux.
Yves Alion
Film français d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu (2015), avec Isabelle Carré, Karin Viard, André Dussolier, Denis Lavant. 1h 55
https://www.youtube.com/watch?v=8lwp6EHb2_4
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