Dans le monde en ébullition de l’animation, Zombillénium illustre la diversité de l’école française à travers le lien viscéral qu’elle entretient avec la bande dessinée, en revendiquant l’influence assumée du cinéma, en l’occurrence ici l’école fantastique et l’un de ses sous-genres les plus fertiles : le film de zombies. Le cadre est celui d’un parc d’attraction qui a longtemps misé sur son réalisme hors du commun pour attirer les visiteurs avant de péricliter. Au point d’attirer les soupçons et de faire fuir sa clientèle qui n’est prête à tout pour se faire peur. L’irruption dans cet univers d’un contrôleur des normes de sécurité va contraindre les occupants des lieux à se révolter pour préserver leur éternité. Quitte à dévoiler pour cela leur véritable nature. Ébauché par un clip du groupe Skip the Use qui a fait office de pilote, Zombillénium respecte à la lettre l’esprit iconoclaste de la BD qui l’a inspiré en jouant intelligemment des codes du fantastique pour délivrer un message humaniste ancré dans la réalité sociale. Comme Les revenants avait patiné de philosophie le concept des morts vivants, ce film élégant applique à ces intrus un traitement particulièrement singulier où les notions de temps de travail et de retraite sont transposées dans un monde régi par des règles différentes, mais ancré dans la réalité géographique du Valenciennois. Un parti pris qui fonctionne et permet à Zombillénium de toucher un public aussi divers que multiple en affirmant sa singularité.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film français d’animation d’Arthur De PINS et Alexis DUCORD (2017), avec les voix d’Emmanuel CURTIL, Élodie HIOLLE, Fily KETA. 1h 20.