Alors que la guerre de Sécession fait rage, un fermier du Mississippi entreprend de réunir des paysans et des esclaves au sein d’un régiment local qui affronte vaillamment des forces confédérées a priori beaucoup plus puissantes. Sous sa bannière, il n’y a plus dès lors ni Blancs ni Noirs, mais des hommes en quête de justice et d’égalité dans un monde arc-bouté sur des principes d’un autre âge. Un sujet formidable traité avec le lyrisme qui s’impose par Gary Ross, ci-devant scénariste à succès de Hunger Games et réalisateur du très étonnant Pleasantville (1998). Il s’insinue ici dans un recoin ignoré de l’histoire américaine en offrant à Matthew McConaughey un formidable emploi de chef de guerre mû par son idéalisme. Free State of Jones s’inscrit dans la lignée de ces films « bigger than life », comme les a toujours affectionnés Hollywood. La réalité historique y est cependant décryptée à travers le filtre d’aujourd’hui, sans toujours tenir compte des préjugés qui étouffaient cette époque. On est cependant plus éloigné du romanesque épique qui présidait à des œuvres comme Autant en emporte le vent (1939) de Victor Fleming ou L’Esclave libre (1957) de Raoul Walsh que du bruit et de la fureur qui émanent de film tels que Les Proies (1971) de Don Siegel (dont Sofia Coppola prépare un remake) ou Glory (1989) d’Edward Zwick. Reste que, malgré les images à l’eau-forte du chef opérateur français Benoît Delhomme, Free State of Jones aurait pu être raccourci d’une vingtaine de minutes sans perdre pour autant rien de son intégrité morale.
Jean-Philippe GUERAND
Film américain de Gary ROSS (2015), avec Matthew MCCONAUGHEY, Gugu MBATHA-RAW, Mahershala ALI. 2h 19.
https://www.youtube.com/watch?v=wHW_63WfkUo