19 février 2019

Vice d’Adam McKAY

Ceux qui s’étonnent du tournant politique pris par Adam McKAY, immortel auteur de comédies grotesques pour Will FERRELL, n’ont pas bien suivi. FERRELL et Mc KAY ont toujours caché derrière la bouffonnerie une passion politique, qui fut particulièrement visible lors d’un spectacle sur Broadway, en 2008, entièrement consacré à BUSH Jr. Il n’est donc guère étonnant de voir McKAY revisiter ces années, mais cette fois en s’intéressant à celui qui fut présenté comme le vrai maître d’œuvre des décisions, le vice-président CHENEY, pouvoir de l’ombre si célèbre qu’il n’a plus grand-chose d’obscur. Le cinéaste applique à son sujet ce que l’on peut appeler le traitement The Big Short. McKAY ressort en effet toutes les recettes de son précédent film, appliqué cette fois à un biopic de l’ancien vice-président. Le ton mi-absurde mi-tragique, les intermèdes satyriques, la distance amusée autant que lucide, les caméos presque surréalistes. Tout est là, mais la recette fait justement peut-être un peu recette. Le vide que constitue Cheney, son énigme, l’opacité de ses vraies motivations, demeure, et handicape un récit qui, contrairement à The Big Short, n’est pas assez précis dans sa description des spécificités politiques de l’environnement pour compenser. Malgré la brillance satyrique, quelque chose grince et coince, un réel si tragique et confus qu’il refuse peut-être de se plier à la vision du cinéaste. L’épilogue sur l’apathie des citoyens américains est, du coup, peut-être le moment le plus sincère et révélateur de tout le film.

Critique de Pierre-Simon GUTMAN

Film américain (2018) d’Adam McKAY, avec Christian BALE, Amy ADAMS, Steve CARELL, Sam ROCKWELL. 2h12.


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