Le personnage de Sherlock Homes a été si exploité, sous tant de coutures, qu’il devient difficile d’envisager le moindre soupçon de nouveauté pouvant lui être apporté. Ce qui n’empêche pas le cinéaste Bill Condon et l’acteur Ian McKellen d’essayer, en exploitant une série de romans sur le personnage, connue des amateurs, écrit par un admirateur, et non par Doyle, et ayant la particularité de se concentrer sur les veilles années du détective. La structure du récit met en parallèle le héros dans ses plus vieux jours, avec le passé de sa dernière enquête, où le limier apparaît déjà âgé mais toujours vert. Au-delà du grand numéro, avec tremblements de main et maquillages, auquel se livre le comédien, la force du film est de ne pas se donner une nouvelle enquête pseudo haletante. Pour résumer, Mr Holmes est un film sur un détective, et non un film de détective, sur les derniers jours confus d’un homme qui peine à se souvenir de ce qui a vraiment compté dans sa vie. En cela, le résultat est étrangement plus proche de cet autre drame de la vieillesse qu’est La Dame de fer. Condon retrouve pour l’occasion une forme de lyrisme parfois étrangement retenu, qui avait fait la force de sa précédente collaboration avec McKellen, Gods and Monsters, sur le cinéaste James Whale. Le résultat est un long métrage qui ne satisfera peut-être pas les nouveaux fans du personnage, mais ravira les amateurs du crépuscule des héros, ce genre qui fut incarné un temps par Clint Eastwood, où des hommes autrefois tout puissants contemplent leur légende et leur fragilité en un même mouvement.
Pierre-Simon GUTMAN
Film britannique de Bill CONDON (2015), avec Ian MCKELLEN, Laura LINNEY, Milo PARKER. 1h 44.