La femme d’un banquier disparaît brusquement. Les soupçons portent sur un garagiste endetté… Mais plus l’enquête progresse, plus la police y perd son latin, et le spectateur avec elle. L’intrigue est à la fois suffisamment filandreuse pour prendre un réel plaisir à nous perdre et d’une certaine manière trop appliquée. Ce déséquilibre permanent nuit un peu au film, qui aurait sans doute demandé un peu plus de folie véritable. Mais Jalil Lespert, qui signe ici son quatrième long métrage (le précédent, Yves Saint Laurent, avait cassé la baraque) n’a en l’occurrence pas manqué d’ambition en nous livrant un thriller érotique glacé aux relents sado-maso qui provoque un malaise durable. Aucun des personnages n’est réellement sympathique, ni même touchant, entravant toute identification. Ce qui n’empêche pas le séduisant Romain Duris, ou Jalil Lespert qui s’est réservé un rôle à contre-emploi de nous surprendre dans des registres inattendus. Même si nous n’avons d’yeux que pour la Canadienne Charlotte LeBon, mystérieuse et sensuelle. Elle n’est pas (encore) Sharon Stone et Iris n’est pas Basic Instinct, mais c’est manifestement sur ce chemin-là que le film s’est engagé. Nous ne nous en plaidons pas…
Yves ALION
Film français de Jalil LESPERT (2016), avec Romain DURIS, Jalil LESPERT, Charlotte LEBON. 1h 39.