10 janvier 2017

Dalida de Lisa AZUELOS

Les biopics constituent un genre casse-gueule quand ils s’attachent à une figure populaire dont le souvenir est encore vivace. Mais l’ambition est parfois récompensée. Le Cloclo de Florent-Emilio Siri, consacré à Claude François, nous avait bluffé, tant par la capacité du cinéaste à saisir l’âme du chanteur, un personnage de roman, pour le moins, que par celle de Jérémy Rénier à se glisser dans la peau de son modèle. On a (presque) envie d’en dire autant de ce Dalida, signé par une Lisa Azuelos (la réalisatrice de LOL) qui manifestement change de registre et concernant une autre artiste populaire au destin tragique. D’abord parce que l’incarnation de la chanteuse est extraordinaire : on oublie au bout de trente secondes que c’est une comédienne, Sveva Altivi, qui lui prête ses traits. Ensuite parce que la cinéaste a réussi à nous proposer une vision argumentée de l’artiste, se gardant de partir dans tous les sens, ce qui aurait été facile. Certes la reconstitution des différentes époques a été faite avec beaucoup de soin, et sans doute les fans de la créatrice de Bambino seront-ils ravis d’entendre les tubes qui ont émaillé sa carrière (des débuts un peu exotiques jusqu’à la discutable déferlante disco) et de reconnaître quelques images devenues culte de son parcours (la fameuse affiche de son grand retour sur scène), mais l’essentiel, la trame est bien dans la description de sa quête d’un amour total, jamais assouvie tant les différents hommes de sa vie n’apparaissent (au mieux) que comme de simples mortels avec leur lot de contradictions, voire (au pire) comme d’inqualifiables intrigants. On aimerait presque en savoir un peu plus sur cette intimité-là, sur cette fragilité pathologique (qui a débouché sur un suicide de la star). Mais le frère de Dalida, Orlando (qui ne pâtit pas, au contraire, à se retrouver sous les traits de Riccardo Scarmacio), a veillé au grain. C’est un gage indéniable de sérieux (il aurait été si facile de dire n’importe quoi), mais sans doute aussi la raison d’une certaine raideur (trop ?) respectueuse. Pour s’en rendre compte, il n’est qu’à revoir les deux biopics consacrés à Yves Saint Laurent. Celui qui n’a pas eu le visa de Pierre Bergé est évidemment le plus aventureux…

Critique d’Yves ALION

Film français de Lisa AZUELOS (2016), avec Sveva ALTIVI, Riccardo SCARMACIO, Jean-Paul ROUVE. 2h 04.
 

https://www.youtube.com/watch?v=CN_nvsDggI


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