01 novembre 2016

Réparer les vivants de Katell QUILLÉVÉRÉ

Au départ, il y a un roman de Maylis de Kerangal devenu un phénomène de société. Un livre en forme de puzzle qui traite de façon originale du don d’organes et de la façon insolite dont notre société exploite la mort des uns pour aider les autres à survivre, voire à revivre. Ce sujet, Katell Quillévéré le traite à fleur de peau en passant d’un personnage à l’autre, sans jamais chercher le morceau de bravoure ou la virtuosité gratuite. Il suffit pour s’en convaincre d’observer la façon dont elle met en scène ces jeunes surfeurs qui partent dompter l’océan au petit matin, un casque sur les oreilles. Son utilisation du son se révèle d’une efficacité diabolique. Il n’y a pas à proprement parler de personnage principal dans ce film, sinon ce cœur qui sera prélevé sur un jeune cadavre pour se remettre à battre dans la poitrine d’une femme au souffle coupé. Miracle de la médecine moderne abordé ici d’un point de vue compassionnel, à travers les sentiments partagés des uns et des autres, avec au centre de ce mécanisme complexe l’intermédiaire campé par Tahar Rahim dont le rôle ingrat consiste à solliciter la famille des défunts pour les convaincre d’entrer à leur tour dans cette ronde solidaire en acceptant d’amputer leur cher disparu d’un organe destiné à être greffé dans un autre corps. Réparer les vivants distille une émotion indicible, quel que soit le point de vue duquel on se place, en célébrant une pratique aussi vertueuse que confidentielle, à travers des spécimens d’humanité remarquables.

Jean-Philippe GUERAND

Film français de Katell QUILLÉVÉRÉ (2016), avec Tahar RAHIM, Emmanuelle SEIGNER, Anne DORVAL. 1h 40


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