16 février 2016

Sleeping giant d’Andrew CIVIDINO

Certaines œuvres répondent à d’autres et cultivent entre elles de secrètes affinités. Difficile de ne pas reconnaître un air de famille entre Sleeping Giant et le fameux Stand By Me de Rob Reiner. Même si ce dernier était américain et que le film d’Andrew Cividino est canadien, on y retrouve cette même fascination du soleil sur les corps et la fin de cette insouciance dont sonnent le glas les démons propres à l’adolescence, mais aussi l’influence de la littérature de Mark Twain. En vacances avec ses parents au bord d’un lac, un garçon plutôt effacé tombe sous la coupe de deux cousins animés de mauvaises intentions qui vont l’entraîner peu à peu dans un monde qu’il ignore. La force de Sleeping Giant réside dans le regard sans pitié qu’il jette sur un âge de la vie pétri de contradictions et baigné de mal être. Avant de tirer un long métrage de cette chronique intime baignée de souvenirs personnels, le réalisateur a réalisé un court homonyme. Il a donc pris le temps de la réflexion et son premier film témoigne de cette maturité empreinte d’autant de fraîcheur que de cynisme. La subtilité du propos est servie par une distribution d’une justesse miraculeuse que la caméra cerne au plus près, comme de peur de laisser échapper le naturel de ses interprètes. Il émane de cette chronique d’apprentissage une vérité rare qui porte la marque d’un metteur en scène inspiré, d’ailleurs repéré l’année dernière à la Semaine de la Critique. Gageons qu’il ne tardera pas à refaire parler de lui.

Jean-Philippe Guerand

Film canadien d’Andrew Cividino (2015), avec Jackson Martin, Reece Moffett, Nick Cerino. 1h 29.


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