Cela fait maintenant plusieurs années que le cinéma français tourne autour du mythique « cinéma de genre » (fantastique, horreur ou SF) sans y arriver : des films mal produits ou très mal distribués et au final des bides à la chaîne. Celui-ci pourrait peut-être enfin changer la donne, en s’appuyant sur une vraie production et un réalisateur confirmé. Il est vrai que Seuls s’appuie sur une BD (un cycle, plutôt) de Gazzotti et Vehlmann au succès considérable. Toutefois, l’adaptation, intelligente, n’a pas hésité à prendre certains risques qui se révèlent payants. Le scénario – des enfants se retrouvent un jour seuls dans leur ville, entièrement vidée sans aucune explication – regroupe plusieurs albums. Le style visuel se veut réaliste, ce qui n’est pas tout à fait le cas des dessins d’origine (ce n’est pas un roman graphique). Surtout, l’âge des cinq personnages a été relevé, ce qui les transforme d’enfants pré-ados en de véritables adolescents, ou jeunes adultes. Par contre, le film conserve leur diversité ethnique, leur apparence générale et leurs caractères. On y retrouve aussi des images fortes qui sont désormais célèbres, comme le « SOS » écrit sur la façade d’un grand immeuble en utilisant les lumières des pièces. Comme le récit est très bien mené, le film se révèle assez réussi. De quoi imaginer une franchise à la française…
Critique de Karine LANNUT
Film français de David MOREAU (2017), avec Sofia LESAFFRE, Stéphane BAK, Paul SCARFOGLIO. 1h 30.