Avec Seule sur la plage la nuit, Hong SANG-SOO propose une nouvelle variation autour de ses thèmes de prédilection : les rapports amoureux, le milieu du cinéma, le hasard et les coïncidences. Son héroïne Yong-hee (la merveilleuse Kim MIN-HEE très justement récompensée pour ce rôle lors de la Berlinale 2017, et avec laquelle il a également tourné Un jour avec, un jour sans, Le Jour d’après et La Caméra de Claire) est une actrice qui a mis sa carrière entre parenthèses après avoir vécu une histoire mouvementée avec un réalisateur marié. D’abord en Allemagne, puis de retour en Corée, elle promène avec constance son spleen rêveur, ses questionnements sur la vie ou l’amour, et ses colères explosives contre l’hypocrisie et la lâcheté de ses congénères masculins.
Tous les ingrédients du cinéma de Hong SANG-SOO sont réunis : l’humour et la légèreté, une certaine ironie, mais aussi les faux semblants, les jeux de miroir, et un regard plus profond qu’il n’y parait sur les travers de l’espèce humaine. Le réalisateur coréen semble même plus mélancolique que d’ordinaire, presque désenchanté, comme s’il partageait la déception de son héroïne. C’est peut-être cette tonalité plus sombre qui lui permet de dessiner un aussi beau portrait de femme : blessée mais combative, émerveillée et exaspérée, dotée d’une faim de vivre qui semble ne jamais pouvoir être assouvie. On la sent prise en étau entre son désir d’absolu et les sentiments tièdes qu’elle reçoit en retour. Si terriblement vivante, à tout prix.
Critique de Marie-Pauline MOLLARET
Bamui haebyun-eoseo honja. Film sud-coréen de Hong Sang-soo (2017), avec Kim MIN-HEE, Seo YOUNG-HWA, Kwon HAE-HYO. 1h41