Documentaire qui utilise l’animation pour redonner vie à ce qui n’existe plus, Samouni road mêle les techniques et les temporalités pour saisir à la fois l’événement fondateur de son récit (l’attaque israélienne du 4 janvier 2009 sur la périphérie rurale de Gaza, qui décime 29 membres de la famille Samouni), son contexte (celui de plus de 60 années de conflit), et ses conséquences (le nécessaire travail de reconstruction des survivants).
L’approche du réalisateur est dense et ultra-documentée, donnant la parole aux protagonistes, et n’hésitant pas à aborder des sujets à la fois intimes et plus généraux comme la religion ou les traditions. Son choix d’utiliser des images de synthèse 3D restituant le point de vue des hélicoptères et drones israéliens, pour apporter un poids objectif aux témoignages, permet également une reconstitution extrêmement réaliste et rigoureuse de la tragédie centrale. Mais si le film est indéniablement puissant et fort, il aurait gagné à resserrer son propos et à choisir une construction plus linéaire. À trop vouloir suivre le rythme fluctuant des souvenirs de ses interlocuteurs, pour être le plus fidèle possible à leur récit, Stefano SAVONA finit en effet par diluer leurs témoignages pourtant capitaux dans des allers et retours malaisés entre les époques.
Heureusement, l’animation de Simone MASSI s’avère quant à elle exceptionnelle. En alternance avec la prise de vue réelles, ses séquences en noir et blanc, avec un trait en perpétuel mouvement, parfois à la limite de l’abstraction, redonnent vie aux défunts, et dresse le tableau sensible d’un passé à jamais disparu.
Critique de Marie-Pauline MOLLARET
Film documentaire italien de Stefano SAVONA (2018). 2h06