Pour ceux qui suivent le réalisateur Guillaume Canet depuis son premier film, Mon idole (2002), Rock’n’roll en constitue le prolongement logique par son humour et son sens aigu de la dérision. Couvert de César pour Ne le dis à personne (2006), et plébiscité avec Les Petits Mouchoirs (2010), il a ensuite déchanté avec Blood Ties (2013). Conséquence : son nouveau film met en scène un acteur nommé Guillaume Canet en couple avec la petite fiancée de l’Amérique, Marion Cotillard, et joue au poker avec Gilles Lellouche. Au détour d’un tournage, une jeune et jolie partenaire lui fait prendre conscience de son vieillissement. Dès lors, le doute s’insinue chez le quadra et, tandis que sa compagne passe ses soirées à apprendre à parler “joual” avec l’accent québécois pour tourner sous la direction de Xavier Dolan, il cherche comment rebondir. À l’instar d’une dernière demi-heure qu’il serait criminel de déflorer, Canet rit de lui et de son cercle rapproché avec une bonne humeur communicative qui fait de Rock’n’Roll une comédie atypique et souvent très drôle. Son scénario inventif est servi par des interprètes qui osent vraiment tout. L’humour sied d’autant mieux à Canet et Cotillard que le film ne dresse pas d’eux un portrait très flatteur et entretient une confusion troublante entre la réalité et la fiction, qu’il s’agisse de la fratrie créée par Canet entre son fidèle producteur, Alain Attal, et le comédien Yvan Attal, ou de sa visite baroque chez l’idole des jeunes, Johnny Hallyday.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film français de Guillaume CANET (2016), avec Guillaume CANET, Marion COTILLARD, Gilles LELLOUCHE. 2h 03.