Voici un film d’animation qui débute par la découverte d’un banal routeur Wifi et entraîne ses deux personnages principaux, le gigantesque Ralph et la minuscule Vanellope, dans les arcanes labyrinthiques du net. Idée géniale qui propose à son cœur de cible, les enfants à partir de six ans, de plonger à l’intérieur de ces outils électroniques et informatiques qu’ils manipulent quotidiennement avec une dextérité confondante. Ralph 2.0 déborde d’idées et investit un univers à la fois exotique et familier, dangers inclus. Des enchères déraisonnables sur eBay entraînent notre tandem dans l’envers du décor décrit comme une véritable cour des miracles marchandisée qui évoque deux films futuristes sortis en 1982 : Blade Runner, pour son monde envahi par la publicité, et Tron, pour son voyage fantastique dans les coulisses de l’informatique, sans doute le film le plus visionnaire jamais produit par les studios Disney. Dans Les Mondes de Ralph (2012), le méchant d’un jeu vidéo aspirait à en devenir un héros et croisait quelques-unes des icônes de ce domaine, pour le plaisir des adolescents et des geeks nostalgiques. La spécificité de Ralph 2.0 est de s’adresser à une génération différente : celle qui a grandi avec Internet sans vraiment prendre le temps de s’interroger sur son fonctionnement et sur ses dérives. Plaisir supplémentaire : pour une fois, le spectateur est plus familier de cet univers que les protagonistes et peut donc s’amuser de leurs démêlés voir de leur candeur.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Ralph Breaks the Internet. Film d’animation américain de Rich MOORE et Phil JOHNSTON (2018), avec les voix de John C. REILLY, Sarah SILVERMAN, Gal GADOT. 1h51.