Qui m’aime me suive ! est un cas d’école tant l’écart est grand entre les ambitions que le film affiche avec quelque ostentation et le résultat final. Sur le papier le film possède bien des atouts. Il met en scène un joli trio de comédiens (Catherine FROT, Daniel AUTEUIL et Bernard LE COQ) qui nous offrent une version senior du Jules et Jim de TRUFFAUT, insistant au passage sur le fait que les sentiments se moquent de l’usure du temps. Nos trois tourtereaux sont d’autant plus intéressants qu’ils portent les illusions fanées des swinging sixties et des pétaradantes années qui ont suivi, où beaucoup se sont plu à réinventer le monde. Avec moins de cruauté (et moins de drôlerie), le film évoque par moments le très décapant Mes meilleurs copains, de Jean-Marie POIRE. Il n’est pas interdit de sentir comme un parfum de nostalgie dans ce film. Ce n’est d’ailleurs pas anodin de voir qu’il a été produit par Robert GUEDIGUIAN, qui dans ses films (Lady Jane, Les Neiges du Kilimandjaro) n’hésite pas à verser une larme sur les illusions perdues de ses personnages. On le voit, les raisons ne manquent pas qui nous inciteraient à aimer cette comédie douce-amère. Sauf que non. Parce que les comédiens peinent à incarner véritablement ces personnages trop caricaturaux pour nous émouvoir, parce que la façon dont est dépeint le passage du temps semble bien mécanique, parce que le scénario semble vouloir collectionner les clichés (les personnages secondaires semblent débouler sans véritable nécessité, pour bien nous faire comprendre qu’il s’agit d’un feelgood movie). Bref, si l’on prend l’invite du film au pied de la lettre, il faut bien se faire à l’idée que l’on ne le suivra pas…
Critique de Yves ALION
Film français de José ALCALA (2019), avec Daniel AUTEUIL, Catherine FROT, Bernard LE COQ. 1h30.