Lors de sa première apparition, bien après le début du film, Jack Sparrow est un pirate sur le déclin. Plus rien ne lui réussit, et il perd même son équipage. Difficile de ne pas faire le lien symbolique avec la carrière de Johnny Depp, qui connait un sérieux coup de mou depuis quelques années, et qui l’a plus ou moins contraint à reprendre son rôle emblématique. Depp s’agite et cabotine frénétiquement, mais malheureusement en vain. La faute à un scénario totalement décousu, dans lequel, en fait, il n’a aucune place ni aucune importance – l’histoire, si tant est qu’il y en ait une, pourrait parfaitement fonctionner sans lui. En lieu et place d’enjeu dramatique, le film se perd dans une avalanche d’effets numériques soutenus par une musique qui plagie par moment les partitions d’Hans Zimmer, et hachés menus par un montage frénétique. La seule curiosité est de remarquer la curieuse évolution de la franchise, qui reprend au passage ici les personnages originaux en une sorte d’hommage quasiment posthume. D’une comédie d’aventures flamboyantes, la série est passée progressivement à une forme de conte gothique à base de fantômes, goules et autres créatures parfois terrifiantes, bien loin de l’esprit Disney original.
Critique de Karine LANNUT
Pirates of the Caribbean: Vengeance of Salazar. Film américain de Joachim RONNING et Espen SANDBERG (2017), avec Johnny DEPP, Javier BARDEM, Kaya SCODELARIO, Brenton THWAITES. 2h 10.
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