Primé lors de la Semaine de la Critique de Cannes en 2015, et inspiré d’un précédent film réalisé en 1960, Paulina est le type même du film « à sujet fort ». La Paulina en question est une jeune idéaliste de 28 ans qui renonce volontairement à une brillante carrière d’avocate pour se consacrer à l’enseignement dans une région défavorisée d’Argentine. Mais rapidement la situation dérape, et elle finit par subir une agression par une bande de jeunes, dont certains sont ses propres élèves. Elle décide alors, par fidélité à son idéal, de rester sur place et ce même quand elle découvre qu’elle est enceinte. L’histoire est dense, la comédienne (Dolores Fonzi, remarquable) se donne totalement à son personnage qui évoque par moments la Viridiana de Buñuel. Il est regrettable par contre que le réalisateur opte pour une mise en scène à semelles de plomb, surchargeant tous les problèmes et les questions morales et philosophiques afin d’être sûr qu’on en comprenne bien les enjeux. Même si ce personnage féminin peu aimable évite les clichés mélodramatiques qui pourraient s’y attacher, le film se révèle plus pesant que véritablement inspirant.
Laurent AKNIN
La Patota. Film argentin de Santiago MITRE (2015) avec Dolores FONZI, Oscar MARTINEZ, Esteban LAMOTHE. 1h 43.