A ceux qui nous ont offensés se situe à mi-chemin de deux thématiques, de deux mondes. D’une part celle des gangsters de tradition, qui se passent le relai de père en fils. De l’autre ces travellers qui outre-Manche perpétuent une tradition libertaire, refusant de s’aliéner à la moindre attache sociale. Un peu les cousins britanniques des Américains du récent American Honey. Que l’on nous permette de trouver cet aspect-là plus intéressant et moins convenu que le premier. Mais le film forme un tout et oscille donc entre le convenu et le passionnant. L’affrontement entre le père (Brendan Gleeson) et le fils (Michael Fassbender), le second doutant de la pérennité des choix radicalement asociaux du premier est sans doute riche sur le plan dramatique, il n’en est pas moins un rien scolaire (d’autant que l’interprétation de Gleeson ne donne pas dans la nuance). Mais le film n’en possède pas moins un charme immense dès lors qu’il largue les amarres et laisse ses personnages se chercher. Nous entrons dès lors dans cette famille atypique et vivons leurs contradictions de l’intérieur. A ceux qui nous ont offensés est un premier film. Gageons que même s’il n’est pas issu d’une côte du Dieu du cinéma, cet Adam (Smith) là a un bel avenir devant lui…
Critique d’Yves ALION
The Jokers. Film britannique d’Adam SMITH (2016), avec Michael FASSBENDER, Brendan GLEESON, Lyndsey MARSHAL. 1h 39.