12 septembre 2017

Nos années folles d’André TECHINE

Les histoires authentiques sont souvent les plus invraisemblables. L’épopée humaine que relate Nos années folles (quel beau titre !), particulièrement incroyable, s’inspire du destin d’un couple victime de la Grande Guerre dont le mari déserte et se fait passer pour une femme en se produisant dans un cabaret sous sa nouvelle identité. On perçoit que la richesse d’un tel sujet ait pu fasciner André TECHINE qui s’est souvent intéressé à l’ambivalence sexuelle au fil de son œuvre et notamment à cet âge où elle fait figure d’enjeu existentiel. Il en omet pour autant cette fois qu’un tel bouleversement ne peut survenir aussi brusquement et montre son protagoniste (incarné symboliquement par l’interprète ô combien ambigu de L’Inconnu du lac, Pierre DELADONCHAMPS) passant de son état de guerrier malgré lui, réticent à contrarier sa virilité, à celui de transformiste, après avoir manifesté brièvement sa méfiance à l’égard d’une sexualité dans laquelle il s’épanouit pleinement dès la séquence suivante, quitte à se donner à des inconnus dans les sous-bois. Ellipse ou raccourci saisissant qui n’est pas dans les habitudes du subtil TECHINE. Difficile ensuite d’adhérer à ce film qui paraît étrangement artificiel, là où il aurait dû s’insinuer avec subtilité parmi les affres de ce couple moderne. Là où DELADONCHAMPS semble subir la situation, Céline SALLETTE se révèle une fois de plus impeccable dans le rôle complexe d’une femme contrainte d’accepter la transformation de celui qu’elle aime.

Critique de Jean-Philippe GUERAND

Film français d’André TECHINE (2017), avec Pierre DELADONCHAMPS, Céline SALLETTE, Grégoire LEPRINCE-RINGUET. 1h 42.

 

 


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