09 janvier 2018

Normandie nue de Philippe LE GUAY

Quoi de plus exotique aux yeux d’un photographe anglo-saxon qu’un village du Perche avec sa faune si pittoresque ? Film choral, Normandie nue nous propose une sorte de panel publicitaire qui représenterait la France en miniature, avec ses paradoxes et ses contradictions. On y trouve pêle-mêle des éleveurs en colère, des agriculteurs au bord du suicide, un maire contraint de recoller les morceaux sans heurter les susceptibilités et même des citadins bobos qui jouent les précieux ridicules sans se fondre pour autant dans la verdure de ce tableau champêtre qui ressemble à une chanson de Stone et Charden. Le réalisateur Philippe LE GUAY ne porte pas sur ce monde le regard d’un intrus, mais celui d’un autochtone de retour sur la terre de son enfance qui choisit de mêler à des interprètes formidables, des acteurs de composition familiers et des paysans du cru. Et s’il choisit le registre de la fable, c’est pour mieux témoigner d’une réalité sociale rarement montrée à la télévision, sinon pour de mauvaises raisons : celle d’une France rurale à l’agonie dont nous sommes pour la plupart issus, mais que nous laissons crever dans une indifférence qui finira par nous revenir comme un boomerang. La réussite de Normandie nue réside dans son parti pris qui consiste à utiliser les ressources de la comédie pour aborder un sujet tabou en sensibilisant le plus vaste public possible à une cause sous-médiatisée qui ne nous concernera vraiment que le jour où nos assiettes et nos verres seront vides.

Critique de Jean-Philippe GUERAND

Normandie nue. Film français de Philippe LE GUAY (2017), avec François CLUZET, François-Xavier DEMAISON, Toby JONES. 1h45.

Photos : Copyright Sévérine Brigeot / Les Films des Tournelles


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