Miss Sloane a l’avantage de nous proposer plusieurs degrés de lecture. C’est d’abord une plongée presque documentaire dans les arcanes de ces lobbies qui pèsent à Washington (et ailleurs) sur les politiques pour orienter leurs votes, lobbies qui ont pignon sur rue et se vendent aux mieux offrants sans état d’âme. Par extension le film brosse un tableau assez puissant des mœurs politiques américaines (alors que nous n’étions pas encore entrés dans l’ère Trump), naturellement corrompues, s’inscrivant ainsi dans un courant du cinéma américain qui de Tempête à Washington aux Hommes du président a connu de très riches heures dans les années 60 et 70. Mais comme le titre l’indique, loe film raconte aussi l’histoire d’une femme. Une lobbyiste bien sûr, une femme de fer certaine de son intelligence et de son pouvoir, mais qui va peu à peu, sous le feu des circonstances, commencer à regarder le monde de façon différente, quitte à se mettre en danger tant professionnellement que sur le plan personnel. Il y a quelque chose de shakespearien chez cette lady Macbeth des temps modernes, et ce n’est pas très étonnant quand on sait que John Madden, le signataire du film, est anglais et qu’il est le signataire du charmant Shakespeare in love. Miss Sloane n’est pas un film formaté. Sa production, curieusement, est française et c’est principalement au Canada que s’est tournée cette histoire on ne peut plus américaine !
Critique d’Yves ALION
Film franco-américain de John MADDEN (2016), avec Jessica CHASTAIN, Mark STRONG, Sam WATERSTON. 2h 12.
https://www.youtube.com/watch?v=pgblj1nxrxY