Peut-on être parent à l’âge où l’on n’est même pas encore sortie de l’enfance ? Telle est la question existentielle que pose Keeper, à travers le très jeune couple formé par Maxime et Mélanie dont la pureté des sentiments renvoie à Paul et Virginie ou Roméo et Juliette. Lui se bat pour devenir goal de football professionnel. Elle hésite à devenir mère, mais il est bien décidé à assumer ses responsabilités et n’entend pas s’esquiver. Malgré les conséquences qu’implique déjà cette naissance sur leur avenir. Le titre joue sur un terme ambigu qui sert à désigner à la fois un gardien de but et quelqu’un qui garde… en l’occurrence le bébé à naître. Au-delà de son sujet, qui aurait pu donner lieu à une chronique naturaliste voire sordide autour d’un fait de société bien réel, Keeper puise précisément sa différence dans la personnalité et l’humanité de ses protagonistes, en posant constamment les bonnes questions, mais sans jamais chercher à diriger notre regard. Le mérite en revient à la fois à un refus systématique du mélo larmoyant, même si les personnages manifestent leur sentiments de façon parfois extrême, mais aussi à la justesse de l’interprétation. Simultanément à l’affiche de Quand on a 17 ans d’André TECHINE, Kacey MOTTET-KLEIN qui a bien grandi depuis L’Enfant d’en haut- exprime à merveille par sa gaucherie les tourments de son âge, face à une partenaire solaire et solidement ancrée dans la réalité, Gallatea BELLUGI. Cette tranche de vie sans fioritures est une merveille.
Jean-Philippe GUERAND
Film belgo-franco-suisse de Guillaume SENEZ (2015), avec Kacey MOTTET-KLEIN, Gallatea BELLUGI, Laetitia DOSCH. 1h 35.
https://www.youtube.com/watch?v=IiW2UfDhiJE