C’est décidément la semaine des folies boursières. A côté du tourbillon Kirviel, dont L’Outsider rend compte de façon très documentée, Tout de suite maintenant joue la carte d’une certaine fantaisie pour enfoncer le même clou. Celui d’un monde où les finances ont pris le pouvoir. A travers le microcosme d’une société spécialisée dans les fusions-acquisitions, Pascal Bonitzer brosse le tableau d’un groupe qui a perdu toute humanité, cherchant (comme le titre du film l’indique) le rendement immédiat plutôt qu’une stratégie à long terme. Tout de suite maintenant n’est pas le premier film qui décrit la violence du monde de l’entreprise. La Tour des ambitieux, de Robert Wise ou L’Argent des autres de Christian de Chalonge avaient en leur temps bien montré que les Bisounours sont rarement chefs d’entreprise. Mais Pascal Bonitzer va sans doute plus loin, ajoutant un zeste d’absurdité, un soupçon de perversité pour raconter une histoire qui peut s’apparenter à une fable. Dans le rôle de la jeune pousse qui apprend vite, Agathe Bonitzer, la fille du cinéaste. Qui fait penser d’une certaine manière à Julie Marboeuf dans Temps de chien, de Jean Marboeuf, une autre fable acide sur le marigot de l’entreprise. A vrai dire il n’aurait pas été absurde que Bonitzer choisisse un autre titre, s’il n’avait déjà été pris pour un autre film sorti il y a quelques jours : La Loi de la jungle.
Yves ALION
Film français de Pascal BONITZER (2016), avec Agathe BONITZER, Vincent LACOSTE, Lambert WILSON. 1h 38