Précisons-le d’emblée, Thierry DEMAIZIÈRE et Alban TEURLAI se sont faits remarquer avec leur précédent long métrage, Rocco, consacré à SIFFREDI, le plus célèbre étalon de la planète porno. La curiosité était donc grande de les voir traiter de “la ville des miracles” dans leur nouveau film. Ils procèdent pourtant dans le même esprit et avec une rigueur comparable, en suivant des gens d’origines et de milieux différents pour lesquels ce pèlerinage revêt une importance particulière quand il ne constitue pas un aboutissement ultime. Ils accompagnent les uns et les autres au fil de leurs préparatifs, puis sur place à travers une série de rites parfois étonnants, leurs motivations personnelles émergeant peu à peu. Lourdes n’est en aucun cas une chronique de la superstition, mais une authentique approche du mystère de la foi par un agnostique et un athée qui réunit en un même lieu des êtres venus du monde entier. Un jeune homme handicapé, un militaire d’origine asiatique et son petit garçon, des scouts, un malade en fin de vie, des novices bénévoles… Chacun débarque dans ce lieu à part avec ses motivations intimes et secrètes pour se soumettre sur place à un rituel qui s’inscrit au sein d’une organisation millimétrée. Ce protocole devient ici prétexte à nous donner à partager le destin de ceux qui prient, mais aussi de ceux qui souffrent avec une compassion irrésistible. Nul besoin de croire en Dieu pour être emporté par ce torrent de bienveillance qui culmine en une émotion intense.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film documentaire français de Thierry DEMAIZIÈRE et Alban TEURLAI (2019). 1h35.