Marco Tullio Giordana est un des principaux réalisateurs du cinéma italien contemporain ; on lui doit, entre autres, Nos meilleures années et plus récemment Piazza Fontana, qui racontait les « années de plomb » à travers l’histoire d’un des pires attentats de l’histoire du pays. Il poursuit ici sa radiographie de la face sombre de l’Italie avec la reconstitution de l’histoire véridique de Lea Garofalo. Née dans une famille criminelle de Calabre, liée à la ‘Ndrangheta, Lea décide de trahir son clan afin de préserver et de protéger sa fille. Ce sera le début pour elle d’une fuite sans fin, protégée puis parfois abandonnée par la police au travers du programme de protection des repentis et des témoins. Le propos est généreux, la comédienne remarquable, et la critique des carences de l’Etat italien, particulièrement acéré. Il est dommage par contre que le récit prenne parfois l’allure d’un résumé permanent. Marco Tullio Giordana condense en effet plus de vingt années en une heure et demie, ce qui nuit à l’efficacité dramatique et surtout à la profondeur psychologique des personnages ; c’est surtout le cas pour Denise, la fille de Lea, qui devient progressivement le véritable personnage central du film. Notons qu’il s’agit en fait d’un film pour la télévision qui, pour des raisons inconnues, trouve ici le chemin des salles de cinéma.
Laurent AKNIN
Lea. Film italien de Marco TULLIO GIORDANA (2015), avec Vanessa SCALERA, Linda CARIDI, Allessio PRATICO. 1h 35.