Sous ce titre digne de Gaston Leroux se trouve un objet cinématographique des plus singuliers. Il s’agit d’un film franco-belge, réalisé par un des meilleurs cinéastes japonais de sa génération qui reprend pour l’occasion un projet qui aurait dû être produit et se situer en Grande-Bretagne. Un jeune homme, Jean, sans grande expérience, est engagé par un photographe de grand renom, Stéphane Hégray. Celui-ci accepte encore quelques besognes, mais vis essentiellement en reclus, dans un grand pavillon de banlieue, en compagnie de sa fille unique, Marie, et ce depuis le décès de sa femme. En ce lieu, il se livre à des expériences systématiques, en travaillant « à l’ancienne » avec un immense appareil photographique datant des premiers temps de cet art. Utilisant sa fille comme unique modèle, il la soumet à des temps de poses d’une longueur insoutenable, mais parvient à obtenir des plaques photographiques grandeur nature d’une qualité et d’une précision hallucinantes. Sans le comprendre, il va en fait créer des fantômes… Kurosawa récapitule toutes ses obsessions dans une œuvre qui plonge dans les origines de la reproduction des images. Il en résulte un film fantastique de toute beauté, qui semble flotter de lui-même dans un univers parallèle, dégagé de tous les codes du genre, pour se centrer sur l’essence même du cinéma.
Critique de Laurent AKNIN
Film franco-belge de Kiyoshi KUROSAWA.(2016) avec Tahar RAHIM, Constance ROUSSEAU, Olivier GOURMET, Mathieu AMALRIC, Malik ZIDI. 2h 10.