Le succès du Bureau des légendes (la quatrième saison est en tournage) a sans doute modifié notre vision du cinéma d’espionnage et des arabesques multiformes que dessine la géopolitique. Ce Dossier Mona Lina est en tous cas plus proche de la série initiée par Eric ROCHANT que de la flamboyance baroque des James BOND. Notamment parce qu’il fait le choix de ne pas multiplier les scènes d’action, préférant faire porter notre attention sur l’étrange mais passionnante relation entre une jeune femme libanaise contrainte de se cacher (en Allemagne) pour échapper à l’ire du Hezbollah depuis qu’elle a été convaincue d’être une informatrice des services secrets israéliens et celle que ces services ont missionnée pour la protéger.
Pour être franc, la partie politique nous semble en effet un rien emberlificotée et pas toujours crédible quand vient se surajouter une dimension personnelle et sentimentale entre les tenants du drame. Mais cela passe par pertes et profits tant la nuance est belle pour ce qui est du huis clos entre les deux femmes qu’au départ rien ne devait rapprocher. Il faut dire que les deux personnages sont portés par deux très belles actrices au registre épanoui : Neta RISKIN dans le rôle de l’agente du Mossad, et Golshifteh FARAHANI dans celui de la Libanaise en fuite. D’origine iranienne mais déployant désormais ses ailes (et son talent) sur tous les continents (on le verra bientôt en combattante kurde dans le controversé Filles du soleil), cette jeune personne n’a pas fini de nous séduire…
Critique d’Yves ALION
Shelter. Film franco-germano-isréalien d’Eran RIKLIS (2018), avec Golshifteh FARAHANI, Neta RISKIN, Yehuda ALMAGOR. 1h33.