Comment intégrer la Fémis ? Telle est la question à laquelle tente de répondre Claire Simon à travers le parcours d’obstacles que constitue son concours. Un véritable défi autant pour l’école, qui se met ainsi à nu face à ses prétendants, que pour la réalisatrice qui a dû se trouver confrontée à un dilemme quand le temps du montage est advenu. Loin de suivre certains élèves ou de se focaliser sur l’un ou l’autre des jurys qui les auditionnent et les corrigent, la cinéaste choisit de brouiller les cartes en s’efforçant d’esquisser un état des lieux, à travers quelques “cas d’école”. Le sentiment principal qui émane de ce constat impressionniste s’apparente à la passion qui anime les candidats, mais aussi les examinateurs capables de s’enflammer pour une individualité remarquable ou de s’élever contre le danger que représenterait l’admission d’un postulant jugé brillant, mais dont la personnalité semble susceptible de semer la zizanie. À l’instar de Wiseman et Depardon, Claire Simon s’interdit l’usage de la voix off. Libre à chacun d’interpréter l’implication des jurés et la motivation des postulants. La séquence la plus bouleversante est celle au cours de laquelle, au terme de ce parcours du combattant, ils expriment leurs motivations. Les critères cessent d’être strictement professionnels et l’affect joue un rôle fondamental parmi un jury animé par l’empathie. Humain ! Trop humain ? Le Concours est un instantané précieux dont certains tenteront sans doute de faire un vade-mecum.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film documentaire français de Claire SIMON (2016). 1h 59.