05 septembre 2017

Le Chemin de Jeanne LABRUNE

A l’heure des surenchères hollywoodiennes, alors que les superhéros triomphent sur les écrans, il est rassurant de voir qu’un film comme Le Chemin parvient encore à frayer le sien. Nous en sommes d’autant plus heureux qu’il s’agit d’un film de Jeanne LABRUNE, dont nous avions un peu perdu la trace depuis Sans queue ni tête il y a sept ans déjà. La cinéaste semble d’ailleurs avoir tiré profit de ce temps pour opérer un virage esthétique et thématique, tout en conservant une acuité et une sensibilité qui sont sa marque. Aux exercices parfois ludiques, toujours malins tournant autour de nos petites névroses quotidiennes succède un film beaucoup plus large, situé au Cambodge. Dans un autre monde, silencieux, enveloppant. L’histoire est celle d’une rencontre entre une jeune Française qui se prépare à devenir religieuse et un pêcheur du cru dont la femme est en train de perdre la vie. Une rencontre basée sur peu de choses au demeurant, quelques regards, quelques paroles, une sorte de rituel forestier qui n’a pas réellement de justification, mais tout est dit sur la vie qui passe et le destin qui parfois ne cherche pas à nous caresser dans le sens du poil. Jeanne LABRUNE va à l’essentiel, mais elle le fait à son rythme, par des chemins buissonniers, nous laissant envoutés par une nature plus forte que les hommes, qui flirte parfois avec le divin ou le fantastique. Il n’est pas certain que les spectateurs soient des millions à emprunter ce Chemin, film fragile, qui ne se livre pas au premier coup d’œil. Mais gageons que ceux qui s’y retrouverons auront la satisfaction d’avoir élu un endroit secret et délicieux.

Critique d’Yves ALION

Film français de Jeanne LABRUNE (2017), avec Agathe BONITZER, Randal DOUC, Somany NA. 1h 31.


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