10 janvier 2017

La Mécanique de l’ombre de Thomas KRUITHOF

Bel exercice de style que ce premier long métrage qui nous attache aux pas d’un quinqua au chômage, acculé à accepter un travail de retranscription d’écoutes téléphoniques pour le compte d’un très opaque commanditaire. Avant que le contre-espionnage n’entre dans la boucle… La Mécanique de l’ombre est bien entendu un film d’espionnage. Mais si, on s’en doute, le film se situe aux antipodes d’un James Bond, de par son jansénisme glaçant, nous n’avons pas non plus le sentiment qu’il se range parmi certains films dont l’ambition est de coller de façon réaliste au fonctionnement des services de renseignement, dans le sillage de la (superbe) série Le Bureau des légendes. C’est plutôt à une sorte de cauchemar kafkaïen que nous sommes conviés, accompagnant un François Cluzet dont le jeu n’a jamais été aussi intériorisé, peu bavard, pétri de rage froide. Mais bien sûr le film n’est pas seulement un objet cinématographique qui n’aurait pas d’autre ambition que formelle. La parano ambiante peut tout à fait être ressentie comme un raccourci du monde actuel, de plus en plus étouffant. Les différents personnages auxquels celui de Cluzet est confronté, à commencer par son commanditaire, incarné par le toujours impeccable Denis Podalydès, sont d’autant plus inquiétants que nous ne savons jamais où les situer ni mesurer leur degré de duplicité. Hitchcock s’est parfois régalé de mettre en scène des personnages de ce type, mais souvent avec une pointe d’humour. Un humour dont l’ADN de cette Mécanique de l’ombre ne porte aucune trace. C’est un plus indéniable pour la cohérence du projet. Mais c’est peut-être aussi ce qui manquera au film pour toucher le grand public. A voir…

Critique d’Yves ALION

Film français de Thomas KRUITHOF (2016), avec François CLUZET, Denis PODALYDES, Sami BOUAJILA. 1h 33.


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