Si le cinéma est une fenêtre ouverte sur le monde, nous n’avons pas fini de voir ces migrants en quête d’un peu de paix et de réconfort venant de pays où il ne fait pas très bon vivre… C’est le cas de ce Syrien qui débarque en Hongrie et se fait aussitôt abattre par un flic. Mais notre homme ne meurt pas, mieux il entre en lévitation… Le film prend donc d’entrée de jeu des airs de fable (sans jamais ressembler pour autant à un blockbuster hollywoodien mettant en scène des superhéros). Mais comme la pression policière ne faiblit pas, certaines scènes portent davantage la marque du thriller. Nous ne sommes pas près d’oublier la poursuite automobile à travers Budapest qui n’a pas à rougir de la comparaison avec certaines séquences de films d’action américains. De fait, et certains ne manqueront pas de lui reprocher, La Lune de Jupiter s’éparpille et tire dans de nombreuses direction avant d’imposer sa couleur, celle d’une œuvre baroque, hybride et au fond attachante, qui prend parfois le temps de nous émouvoir pour mieux nous décocher un direct au foie dès la scène suivante. C’est sans doute inconfortable, mais force est de reconnaître que nous ne restons pas indifférents. D’autant que peu à peu la fable perd sa dimension purement politique (n’oublions pas que la Hongrie est dirigée d’une main de fer par un leader xénophobe et peu au fait des bienfaits du pluralisme démocratique) pour atteindre les rivages de la métaphysique. On peut ne pas gouter, mais il n’est pas possible de ne pas reconnaître l’ambition du projet.
Critique d’Yves ALION
Jupiter’s Moon. Film hongrois de Kornel MUNDRUCZO (2017), avec Zsombor JEGER, Merab NINIDZE, György CSERHALMI, Moni BALSAI. 2h 03.