En Grèce, dans un futur proche. Une station balnéaire est frappée par la sécheresse et la chaleur. L’eau est rationnée. Ashraf, un émigré solitaire, est engagé pour garder et entretenir la villa d’une riche famille française durant son absence. A son arrivée, il se fait confisquer ses papiers par un policier. Progressivement, des événements étranges semblent survenir et Ashraf se sent de plus en plus menacé… Ce remarquable thriller, même s’il ne comporte a priori aucun élément surnaturel, fait néanmoins la part belle à un fantastique d’autant plus inquiétant qu’il est traité, comme l’indique le titre, dans une lumière aveuglante. Certes, le film doit beaucoup à son chef opérateur, Yorgos Arvanitis, célèbre pour son travail avec Théo Angelopoulos. Mais la réalisatrice, dont c’est le premier long métrage, ne se contente pas d’un simple travail esthétique. Dans son intrigue incertaine, elle mêle habilement aussi bien des références à Polanski (dans son traitement de la paranoïa) que des rappels à des films fantastiques fondamentaux comme Pique-nique à Hanging Rock pour son utilisation de la lumière. Interviennent aussi des thèmes aussi bien écologiques que politiques, toujours en filigrane, et sans discours trop ostentatoire. De sorte que ce Blind Sun se révèle être un objet cinématographique à la fois insolite, captivant et remarquablement intelligent.
Laurent AKNIN
Film franco-grec de Joyce A. NASHAWATI (2015) avec Ziad BAKRI, Yannis STANKOGLOU, Louis-Do De LENCQUESAING. 1h 28.