Le 12 août 2000, le sous-marin nucléaire russe K-141 Koursk coule à pic en mer de Barents avec vingt-trois marins à son bord. Au désarroi des familles, la bureaucratie oppose un mutisme angoissant qui va soulever un tollé dans l’opinion publique, alors même que d’autres bateaux croisant alentour se voient interdire par les autorités de porter secours aux naufragés. Au-delà de la tragédie proprement dite qui a duré neuf jours, le film de Thomas VINTERBERG s’attache aux circonstances qui l’ont précipitée dans un climat de paranoïa digne de la Guerre froide. L’histoire est incroyable mais vraie. La production ressemble quant à elle à un bateau ivre à bord duquel tous les passagers s’expriment en anglais, quelle que soit leur nationalité. Une convention qu’on croyait réservée aux superproductions de naguère, mais qui ne cadre pas avec les exigences du public d’aujourd’hui. C’est d’autant plus regrettable qu’on a du mal à croire à Léa SEYDOUX en poupée russe enceinte jusqu’au cou ou au Belge Matthias SCHOENAERTS et à l’Autrichien Peter SIMONISCHEK (le père de Toni Erdmann) en officiers de marine droits dans leurs bottes. En évacuant le contexte politique au profit de la catastrophe proprement dite, par crainte de représailles, Kursk ne traite qu’une partie de son sujet, sans soutenir la comparaison avec Le Bateau de Wolfgang PETERSEN. Filmant pour une fois le scénario d’un autre, VINTERBERG peine en outre à donner l’illusion du confinement de ces hommes prisonniers de la mer.
Critique de Jean-Philippe GUERAND
Film belgo-luxembourgeois de Thomas VINTERBERG (2017), avec Matthias SCHOENAERTS, Léa SEYDOUX, Colin FIRTH. 1h57.