10 avril 2018

Kings de Deniz GAMZE ERGÜVEN

Au terme de l’aventure de son premier film, Mustang, la réalisatrice Deniz GAMZE ERGÜVEN a choisi de revenir vers un sujet que lui avait inspiré dès 2005 le soulèvement des banlieues, en écho à une autre histoire, américaine celle-là. En 1992, alors que la chaleur monte à Los Angeles, le procès de Rodney KING déclenche de violentes émeutes qui vont bouleverser la vie des habitants d’un quartier déshérité, en opposer certains et en unir d’autres… L’occasion pour la cinéaste franco-turque de traiter de la question identitaire qui la hante. Comme dans Mustang, c’est d’abord à ses protagonistes qu’elle s’attache avec une rare empathie. Plutôt que d’aborder de front le racisme, elle s’interroge sur la nature de ses racines. Le film est l’exact reflet de son titre qui se réfère à deux martyrs emblématiques de la lutte contre le racisme : le pasteur Martin LUTHER KING, assassiné en 1968, et Rodney King, cet afro-américain passé à tabac par la police en 1991. Le scénario lui-même pâtit d’un manque de rebondissements, sa structure chorale se concentrant assez vite sur les rapports d’une mère de famille d’accueil protectrice qu’incarne Halle Berry avec un voisin viril que campe Daniel Craig. Jusqu’à cette séquence qui aurait dû être d’anthologie dans laquelle ils se trouvent attachés l’un à l’autre comme dans Les 39 marches (1935) d’Alfred HITCHCOCK et La Chaîne (1958) de Stanley KRAMER. Dommage que Deniz GAMZE ERGÜVEN ne tire pas un meilleur parti cinématographique de cette situation.

Critique de Jean-Philippe GUERAND

Film franco-américain de Deniz GAMZE ERGÜVEN (2017), avec Halle BERRY, Daniel CRAIG, Lamar JOHNSON. 1h30.

Photos : Copyright Ad Vitam

 


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