Depuis que Jacques Demy a imprimé sa marque sur la comédie musicale Made in France, il est difficile de s’aventurer sur ce terrain sans risquer la comparaison avec Les Parapluies de Cherbourg ou Les Demoiselles de Rochefort. Olivier Ducastel et Jacques Martineau s’étaient jeté à l’eau en 1998 avec Jeanne et le Garçon formidable. Un autre tandem, fraichement émoulus de la Fémis, Paul Calori et Kostia Testut se lance aujourd’hui à son tour. Force est de reconnaître que le film ne manque pas de charme. Les chorégraphies ne sont évidemment pas à la hauteur des splendeurs hollywoodiennes des années 40 et 50, mais personne ne songe plus une seconde à rivaliser avec elles. La réussite du film réside d’ailleurs dans son apparente modestie. Sous ses airs de chronique provinciale qui mêle histoires d’amour et revendications sociales, Sur quel pied danser nous invite dans un monde à la fois pittoresque et familier. Le choix de l’usine de chaussures pour cadre de l’action est de fait des plus pertinents. Parce que le pied est à la fois un objet érotique et l’instrument privilégié de la danse. Et que les ouvrières qui se muent d’un claquement de doigt en danseuses sont des plus crédibles… Au final un petit film tout en nuances qui enracine une certaine mythologie du cinéma dans un quotidien qui ne nous dépayse pas beaucoup (sur fond de crise économique). Le mélange est délicieux.
Yves ALION
Film français de Paul CALORI et Kostia TESTUT (2015), avec Pauline ETIENNE, Olivier CHANTREAU, François MOREL. 1h 25.